Un autre pionnier fête aussi ses 25 ans !

C’est à l’automne 1986, à Berne, que  le premier local d’injection de Suisse voit le jour. Depuis, plus d’une douzaine de sites d’injection ont été implantés au pays.

L’ouverture du local de Berne est le résultat d’un «acte de désobéissance». En effet, auparavant, la politique de répression de l’État suisse forçait les toxicomanes à la marginalité. C’est ainsi que de nombreux toxicomanes ont été retrouvés morts, seuls, dans les toilettes publiques. En juin 1986, le centre bernois d’assistance aux toxicomanes Contact ouvre une cafétéria pour que les usagers sortent de leur isolement et puissent s’y rencontrer. Quelques semaines plus tard, le 23 juillet, le centre décide que «celui qui veut se faire un shoot en parle avec l’assistant social de Contact». À l’automne de la même année, un local d’injection ouvre ses portes, et ce, malgré la méfiance de la population et le scepticisme de la municipalité. Par la suite,  une expertise convaincante sur le bien-fondé d’une telle démarche réussira à modifier les perceptions. 

C’est l’époque des scènes ouvertes de la drogue, dont celles très médiatisées que renvoit la fameuse Platzspitz ou Needle Park, à Zurich, où des toxicomanes consomment en plein espace public. La Suisse décide qu’il est temps de remplacer sa politique répressive par une solution pragmatique : celle du local d’injection comme aide à la survie. Après l’ouverture du local de Berne suivent celles de Bâle en 1989 et de Zurich en 1994. En plus des sites d’injection, la Suisse autorise la distribution d’héroïne sous contrôle étatique, la prescription de méthadone, l’accompagnement à domicile et des projets d’aide destinés aux prostituées toxicomanes.

Le problème de la drogue n’a pas disparu, mais il a perdu de sa virulence au sein du débat public. La raison ? Les toxicomanes sont beaucoup moins visibles. «Ces centres de rencontre permettent de libérer l’espace public», de dire Jakob Huber, directeur du réseau Contact à Berne. Plus de 200 personnes se rendent chaque jour au local d’injection.

(Inspiré d’un article publié dans La Tribune de Genève, le 21 août 2011.)