La Semaine de sensibilisation à la pharmacie 2014 vise les ados qui abusent des médicaments d'ordonnance, surtout des opioïdes

C'est sur le thème de l'abus de médicaments d'ordonnance chez les jeunes qu'a débutée la  Semaine de sensibilisation à la pharmacie 2014, organisée par l'Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ) et qui se déroule du 9 au 15 mars. Cette année, l'objectif est de sensibiliser les parents aux risques auxquels s'exposent leurs enfants en consommant des médicaments trouvés à la maison.

Le problème d'utilisation illicite ou d'abus de médicaments, en particulier, des narcotiques, prend beaucoup d'ampleur au Canada, et de plus en plus chez les jeunes. Selon une étude réalisée en Ontario en 2013, un adolescent sur huit a admis avoir consommé des médicaments d'ordonnance pour se droguer. De ce nombre, 70 % d'entre eux les ont pris à la maison.

Pour faire face à une situation semblable au Québec, l'OPQ a créé le site web MonOrdonnance.ca qui présente une vidéo-choc de 30 secondes ainsi que des témoignages écrits de jeunes consommateurs et de professionnels de la santé. 

Parmi ces messages clairs et vibrants, celui de Félice Saulnier, pharmacienne et membre du conseil d'administration du Cran. En voici quelques extraits : «Il est faux de penser que la prise de médicaments sous prescription pour un usage récréatif est moins dangereuse que la consommation de drogues illicites. Les médicaments prescrits utilisés à des fins récréatives sont, la plupart du temps, de puissants opiacés qui peuvent être comparables à l'héroïne[...] Depuis environ deux ans, je rencontre une nouvelle clientèle. Il s'agit principalement de jeunes âgés de 18 à 25 ans dépendants au fentanyl, un opiacé extrêmement puissant qui agit contre la douleur chronique sévère[...] Plusieurs décès ont été attribués à ce médicament au cours des dernières années. Malheureusement, ces jeunes croyaient pouvoir utiliser cettre drogue de façon récréative et la consommer occasionnellement[...] Les médicaments sont des drogues. Les utiliser à des fins non médicales comporte des risques de dépendance importants. J'en suis témoin tous les jours.» 

Les raisons évoquées par les jeunes pour le mésusage de médicaments incluent la recherche d'un buzz (qui pousse les ados à faire un cocktail explosif en mélangeant les médicaments trouvés dans la pharmacie familiale avec d'autres médicaments ou avec de l'alcool); le désir d'améliorer leur performance et leur socialbilité, ou de réduire le stress; et le désir de planer (en consommant des antitussifs en vente libre).

Si les statistiques inquiètent, on peut appliquer des mesures de précaution efficaces : faire un inventaire des médicaments à la maison et vérifier leur quantité régulièrement; retourner à la pharmaicie les médicaments qui ne sont plus utilisés ou qui sont périmés pour en disposer de façon sûre et écologique; placer les médicaments dans un  lieu sécuritaire auquel seuls les parents ont accès; porter attention à des changements de comportement inhabituels chez son adolescent; discuter du sujet avec lui (le dialogue réduit de 50 % les risques qu'il se drogue); et partager ces informations avec ses proches.

Dans une entrevue accordée à La Presse aujourd'hui, Guillaume Potvin, intervenant au centre Portage, constate une banalisation de la consommation de médicaments d'ordonnance: «Puisque ce sont des produits légaux, [les jeunes] ont moins l'impression de commettre un crime lorsqu'ils en consomment.» L'article relate aussi que c'est à la suite d'une rencontre avec le coroner en chef du Québec, l'été dernier, que la présidente sortante de l'OPQ Diane Lamarre (interviewée avant qu'elle annonce sa candidature au Parti québécois) a décidé de faire de l'abus de médicaments d'ordonnance chez les jeunes le thème de la Semaine de sensibilisation. «Lorsqu'on parle d'opioïdes, par exemple, les pilules sont très petites, mais ce sont des produits très puissants et malheureusement les gens ne font pas tous la corrélation[...] Les produits pharmaceutiques bénéficient d'une espèce d'aura, car ils sont utilisés pour aider ou guérir les gens. Or, il suffit de ne pas suivre la posologie pour que ça devienne un danger mortel. C'est pourquoi il faut en discuter avec nos jeunes et aussi être très vigilant.» Pour lire l'article, cliquez sur  http://www.lapresse.ca/actualites/sante/201403/10/01-4746071-medicaments-dordonnance-etre-le-pusher-de-ses-enfants.php?