Crise des opioïdes : portrait et solutions

La dépendance aux opioïdes médicamenteux continue d’attirer l’attention des médias cette semaine.

Le journaliste Julien Poirier-Malo, de la radio de Radio-Canada, s’est penché sur la « crise des opioïdes » et a interviewé pour l’occasion la Dre Marie-Ève Goyer, médecin au Cran.Le reportage s’attarde au manque de temps des professionnels de la santé pour le traitement de la douleur chronique. Selon la Dre Goyer, les médecins doivent avoir une meilleure compréhension des problématiques de douleur et de dépendance. « [Il faut] encadrer un peu plus les normes de pratiques, et faire en sorte que quand on prescrit des opioïdes, on prenne un temps d’arrêt pour se demander si cela est vraiment indiqué», insiste-t-elle.

Le journaliste aborde également l’avancement de l’accès à la naloxone, qui peut être administré en cas de surdoses aux opioïdes et permet de sauver des vies. La naloxone est disponible depuis quelques semaines au Canada, sans ordonnance, mais ce changement de classe de médicament par Santé Canada n'est pas encore opérationnel au Québec.

Rappelons toutefois qu'une formation destinée aux professionnels, aux usagers ainsi qu'à leurs proches est offerte à Montréal grâce au programme PROFAN (Prévenir et Réduire les Overdoses – Former et Accéder à la Naloxone), et qu'elle permet aux personnes formées d'administrer de la naloxone à un tiers en cas de surdose. Certains professionnels suggéreraient même que l’antidote accompagne toutes les prescriptions d’opioïdes.

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Le 25 avril, Le Devoir s’intéressait également à la consommation explosive des opioïdes médicamenteux, alors qu’on apprenait que la prescription d’antidouleurs à base d’opioïdes a augmenté de 29 % en cinq ans. Ces données ont été compilées par la Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) et concernent les prescriptions de morphine, de fentanyl, de codéine ou de méthadone, selon l’article du Devoir.

Cette hausse de la consommation d’opioïdes est liée aux contraintes des médecins dans le réseau de la santé, comme le rappelle la Dre Goyer. « Nous sommes complètement démunis devant des patients hypersouffrants à tous les niveaux qui se présentent dans notre bureau, disait-elle en entrevue au Devoir. Le système de santé n’a absolument rien d’autre à offrir à ces patients-là que des pilules. On ne couvre pas la psychothérapie, on ne couvre pas la physiothérapie et, en plus, on nous demande d’aller vite. »

Pour réagir aux nouvelles données de la RAMQ, l’émission du matin de la radio de Radio-Canada recevait la même journée la Dre Marie-Ève Morin, de la clinique OPUS. Celle-ci a aussi rappelé l’importance de mieux former les omnipraticiens à la prescription d’opioïdes, dans un contexte où l’on exige des médecins un temps de consultation de plus en plus rapide.

Pour entendre le reportage de Julien Poirier-Malo de Radio-Canada : 
http://ici.radio-canada.ca/emissions/pour_faire_un_monde/2015-2016/chronique.asp?idChronique=404476

Pour lire l’article du journal Le Devoir : 
http://www.ledevoir.com/societe/sante/469073/nombre-de-prescriptions-d-opioides

Pour entendre l’intervention de la Dre Marie-Ève Morin, à l’émission Gravel le matin (placer le compteur de la bande sonore à 28 :00) : 
http://ici.radio-canada.ca/widgets/mediaconsole/medianet/7494357