Considérations éthiques entourant les tests d’urine dans une thérapie aux opioïdes à long-terme

Un article paru dans Clinical Pain (Urine Drug Testing in Long-term Opioid Therapy – Ethical Considerations, par Gary M. Reisfield et al.) s’interroge sur les enjeux éthiques entourant certaines méthodes de surveillance de l’usage des opioïdes. S’il existe un consensus entourant la thérapie aux opioïdes à long terme pour la gestion d'une douleur chronique, l’article rappelle que celle-ci s’inscrit dans un continuum de soins, qui incluent notamment la vigilance envers un usage abusif d’opioïdes.

Cette surveillance prend la forme, entre autres, de décomptes de comprimés aléatoires, d’entrevues avec l’entourage du patient ou de tests d’urine (urine drug testing – UDT).

Mais des patients ou des groupes de défense des droits des patients considèrent cette méthode comme étant offensante ou non-thérapeutique. C’est donc cette méthode de surveillance, qui est la plus controversée, que les auteurs de l’article ont entrepris d’évaluer.

Pourtant, rappelle l’article, l’UDT peut jouer un rôle important dans la détection d’un mésusage d’opioïdes ou d’autres substances, qui ne serait autrement pas détecté. Utilisé et interprété de façon appropriée, l’UDT fournit aux professionnels de la santé une indication de la prise de différentes substances par le patient, dans les jours précédant le test.

Si l’utilisation de l’UDT est approuvée par différents groupes médicaux américains, l’aspect éthique de la pratique est pourtant absent de la réflexion, souligne les auteurs. Leur article s’interroge donc sur les limites de l’UDT en prenant en considération les enjeux éthiques de la bienfaisance, de la non-malfaisance, du respect de l’autonomie et de la justice.

Les auteurs reconnaissent que l’UDT peut être bénéfique dans certaines situations, mais que l’aspect de la non-malfaisance peut facilement être en jeu lors de son utilisation, selon ces quatre critères : 

  • La justification de l’UDT, qui ne devrait pas être utilisé dans le but de découvrir un mésusage chez des patients « indésirables » pour qui on interromprait le traitement. L’UDT devrait plutôt être vu comme un outil visant à améliorer le traitement du patient, et comme une stratégie pouvant minimiser les effets négatifs d’un traitement aux opioïdes chez des patients atteints de douleur chronique.
  • La collecte des échantillons, qui doit se faire en respectant l’intimité du patient, tout en s’assurant de l’intégrité de l’échantillon récolté. Un simple protocole peut être mis en place afin de respecter ces deux objectifs.
  • Les erreurs d’interprétation des résultats, qui surviennent régulièrement.
  • La réponse aux résultats du test, qui peut être inappropriée, que l’UDT soit bien interprété ou non. Ce qui peut avoir des conséquences désastreuses ou irréversibles pour le patient (une fin de traitement, par exemple).

Les principes du respect de l’autonomie et de la justice sont également analysés dans l’article, qu’on peut consulter en entier ici :