L’Indiana vit la plus grave crise de VIH de son histoire ; le Journal of the American Medical Association déplore le peu de programmes d’échange de seringues aux États-Unis pour des raisons idéologiques

En deux mois seulement, on a recensé 153 nouveaux diagnostics de VIH dans le comté de Scott, dans le sud-ouest de l'Indiana, selon des données recueillies à la fin mars. Cette vaste épidémie a forcé le gouverneur républicain à autoriser un programme temporaire d'échange de seringues et à invalider trois lois criminalisant la possession et la distribution de seringues stériles pour l'injection de drogues illicites.

Dans un article publié dans La Presse du 4 juin 2015, le journaliste Mathieu Perreault cite la sortie de deux médecins américains en rapport avec cette crise de santé publique dans le Journal of the American Medical Association (JAMA). Dans un éditorial intitulé Ideological Anachronism Involving Needle and Syringe Exchange Programs : Lessons from the Indiana HIV Outbreak, un des co-auteurs, Eli Adashi, explique que les cas d'infection au VIH dans l'Indiana sont liés à la consommation par injection d'oxymorphone, d'héroïne et de méthamphétamine et il attribue une lourde responsabilité aux politiques et à l'idéologie qui criminalisent la possession et la distribution de matériel d'injection sécuritaire. Selon le Dr Adashi, ces valeurs morales anachroniques « jouent un rôle dans l'apparition et l'amplification d'épidémies de VIH évitables ». À l'heure actuelle, seulement 16 États américains autorisent explicitement les programmes d'échange de seringues.

En entrevue avec La Presse, Mark Wainberg, spécialiste du sida à l'Université McGill, décrit un scénario peu enviable, mais pour des raisons différentes, qui se déroule au sein des communautés autochtones du Manitoba et de la Saskatchewan, malgré l'existence de programmes d'échanges de seringues. « Le programme ne rejoint pas certaines minorités, comme les autochtones [...] Des chercheurs ont demandé à des personnes infectées à cause du partage de seringues souillées si elles savaient que c'était risqué. Elles ont répondu qu'elles pensaient qu'il n'y avait pas de risque si ça restait dans la même famille. C'est le signe que le Canada s'occupe mal de ses autochtones », déclare le Dr Wainberg. Au Québec, la situation concernant le VIH dans les communautés autochtones n'est pas aussi préoccupante, possiblement en raison de la popularité relative des drogues dans chaque province. Pour lire l'article de La Presse, cliquez ici :

http://www.lapresse.ca/international/201506/04/01-4875192-lindiana-en-pr...